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Pour leur part, deux alliances électorales se distinguent sur ce spectre politique : l’Alliance nationale et l’Alliance du travail et de la liberté. Bien que le système des partis ait connu une fragmentation notable ces dernières années, la concurrence bipolaire entre le gouvernement et l’opposition, en ce qui concerne le type de régime, contribue à la tendance à l’unité. Dans le premier cas, on trouve la première force d’opposition, le Parti républicain du peuple (PRP), et cinq autres formations, avec lesquelles a été lancée la fameuse Table des six. Le Bon Parti (İyi Parti), dirigé par une femme, Meral Akshener, dissidente du HDP, se distingue dans cette alliance, tout comme deux partis divisés : celui dirigé par l’ancien ministre des affaires étrangères et premier ministre Ahmet Davutoğlu, le Parti du Futur (GP), et le Parti de la Démocratie et du Progrès (DEVA Partisi), dirigé par l’ancien ministre de l’économie Ali Babacan. Les deux entités politiques restantes sont le Parti islamique du bonheur (SP) et le Parti démocratique (DP). Ce groupe a soutenu un seul candidat à la présidence, Kemal Kılıçdaroğlu, le leader du PD.
Si cette alliance électorale a réussi à surmonter le clivage laïc-religieux, le clivage entre les nationalismes turc et kurde a conduit à une troisième alliance, qui comprend le PSJ déjà mentionné – le successeur du HDP pro-kurde – le Parti des travailleurs turcs (TİP ) et le Parti travailliste (EMEP) en tant que membres de l’Alliance du travail et de la liberté. L’alliance a également demandé un vote pour Kılıçdaroğlu, un soutien important puisque les sondages l’ont positionné comme un rival sérieux d’Erdoğan.
L’Alliance ancestrale – composée d’un conglomérat de partis nationalistes de droite, le Parti de la victoire (Zafer P), le Parti de la justice (AP), le Parti de mon pays (P) et le Parti de l’alliance turque (TIP), dont les attentes en matière de votes étaient beaucoup plus faibles, a présenté son candidat à la présidence, Sinan Ogan, qui a été rejoint par un quatrième candidat, Muharrem Ince du Parti de la patrie (MP), le précédent candidat du PPR à l’élection présidentielle de 2018, parti avec lequel il a rompu pour former sa propre formation politique. Même s’il n’aurait aucune chance de devenir président, selon les sondages, Ince pourrait soutenir un second tour de scrutin, en retirant des voix au principal candidat de l’opposition, Kılıçdaroğlu.
Dans ce contexte de forte fragmentation des partis, ce qui ressort, c’est le désir des principaux partis d’opposition de surmonter leurs grandes différences idéologiques et de former un front uni contre l’alliance de l’élite dirigeante. Cette compétition bipolaire offre une alternative non seulement au gouvernement mais aussi au régime avec un retour au parlementarisme, un rétablissement de l’équilibre des pouvoirs et le respect des droits et libertés individuels. La Table des Six s’y est ralliée, avec un manifeste commun qui envisageait le retour de la figure présidentielle à son caractère neutre vis-à-vis des partis. Symboliquement, le bloc a également proposé de transformer l’actuel palais présidentiel, qui compte plus de 1 000 pièces, en musée, et Erdoğan retournerait ainsi dans sa résidence traditionnelle de Çankaya.
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