Publicité
Outre les propositions politiques, l’opposition dispose d’un atout électoral important dans le contexte économique actuel alarmant marqué par une forte inflation et la dépréciation de la livre turque. Selon l’Institut statistique turc (TÜİK), l’inflation annuelle devait atteindre 50,51 {fac75c6d8045e36ba7302326ed10a3e8dde874551ab33bb6143143ee3fbd6969} en mars 2023, tandis que le groupe de recherche indépendant ENAG estime ce chiffre à 112,51 {fac75c6d8045e36ba7302326ed10a3e8dde874551ab33bb6143143ee3fbd6969} pour les mêmes dates. « La table des six » préconise d’accorder plus d’autonomie aux éléments clés du système économique, comme la Banque centrale, qui a mis en œuvre ces dernières années la vision économique d’Erdogan favorable à la baisse des taux d’intérêt malgré l’impact inflationniste négatif de cette mesure, ainsi que d’assurer plus de transparence et d’objectivité dans les marchés publics et de mettre l’accent sur la politique sociale,
En ce qui concerne la politique étrangère, la table des six propose de la dépersonnaliser et de renforcer le rôle du ministère des affaires étrangères. L’opposition est favorable à une réorientation des relations avec l’UE dans un sens positif, en ravivant l’objectif d’une adhésion à part entière, ainsi qu’avec les États-Unis, avec lesquels elle entend « institutionnaliser les relations (…) sur un pied d’égalité et établir des relations d’alliance sur la base d’une confiance mutuelle ».
De même, il est proposé de renforcer le rôle de la Turquie au sein de l’OTAN conformément aux intérêts nationaux et d’améliorer son influence internationale en développant les droits et libertés fondamentaux. Sur ce point, l’opposition a proposé un plan de deux ans pour le retour de millions de réfugiés sur le sol turc, qui implique un accord avec le gouvernement syrien.
Quant aux relations avec la Russie, si elle est considérée comme un partenaire incontournable avec lequel des intérêts économiques et sécuritaires importants sont liés, une politique plus équilibrée est proposée qui ne dilue pas les relations avec les pays tiers.
Au-delà des promesses préélectorales, l’aspect le plus frappant du principal bloc d’opposition est peut-être le ton conciliant et accessible avec lequel il s’adresse directement aux électeurs (certaines des vidéos les plus importantes et virales de Kılıçdaroğlu ont été enregistrées dans sa cuisine), évitant toute confrontation directe avec le président, s’éloignant des discours identitaires qui ont polarisé la société turque ces dernières années et s’éloignant des discours agressifs. En conséquence, l’opposition a développé une série de stratégies, qui ont été et sont analysées dans le contexte du démantèlement démocratique, alors qu’elle cherche à mettre en œuvre des alternatives pour le renouveau politique. La preuve en est le succès obtenu par le PNR à la mairie d’Istanbul lors des élections de 2019, avec le soutien formel et informel d’autres partis.
Publicité