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Les clés du Mékong
Aujourd’hui, près des deux tiers du débit des fleuves passent par des barrages ou des retenues d’un type ou d’un autre. Les centrales hydroélectriques produisent aujourd’hui 20 {fac75c6d8045e36ba7302326ed10a3e8dde874551ab33bb6143143ee3fbd6969} de l’électricité mondiale. En Chine, le barrage des Trois Gorges sur le Yangtze, le plus grand fleuve d’Asie, est de loin le plus grand projet hydroélectrique de l’histoire.
En 1992, le premier ministre chinois Li Peng, qui avait étudié l’hydroélectricité en Union soviétique, a donné le feu vert à ce projet gigantesque, qui allait entraîner le déplacement de 1,5 million de personnes. En 40 ans, la capacité hydroélectrique installée de la Chine a été multipliée par 20, pour atteindre 350 gigawatts, soit plus que n’importe quel autre pays.
Depuis 2000, l’investissement annuel de la Chine dans la sécurité de l’eau est passé de 5 milliards de dollars à sept fois celui de 2010. Le Mékong, dont dépendent quatre pays asiatiques très peuplés, dont le Cambodge et le Viêt Nam, pour leur approvisionnement en eau, prend sa source à Lancang, en Chine.
Pékin bloque le fleuve en 23 points, du Tibet au Yunnan, ce qui lui donne les clés des écluses qui régulent son débit. La Chine exporte ce modèle en Afrique subsaharienne, en finançant des barrages comme celui de la Renaissance sur le Nil Bleu en Éthiopie. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que Boccaletti estime que les États hydrauliques de ce siècle éclipseront ceux du XXe siècle.
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