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Des plans contradictoires
Prenons l’exemple de l’effort collectif de l’Europe pour répondre à la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA), qui prévoit 369 milliards de dollars de subventions pour les technologies propres et toute une série de dispositions visant à soutenir l’industrie manufacturière américaine par le biais de crédits d’impôt protecteurs. Non seulement l’UE n’est pas disposée à lancer un nouveau cycle de cofinancement, mais elle n’arrive même pas à se mettre d’accord sur la gestion de la politique industrielle existante.
Afin de montrer que Bruxelles agit, Mme von der Leyen et M. Michel ont proposé des versions concurrentes d’un « fonds de solidarité » destiné à aider les petits pays à dépenser autant que leurs grands voisins le jugent nécessaire. Aucune des deux propositions n’a été approuvée. Toutes deux ont démontré que la complaisance politique l’emporte sur la résolution des problèmes.
La Commission Von der Leyen a été la première à s’exprimer, prônant un assouplissement des règles en matière d’aides d’État et des négociations commerciales avec Washington qui rétabliraient l’accès du marché européen à la chaîne d’approvisionnement des voitures électriques. Mais la bureaucratie sous son règne a également brouillé les pistes, en proposant de fixer des objectifs industriels par le biais d’une réglementation agressive dans le cadre d’une tentative de planification économique descendante non financée. Il est probable que l’attention portée par Mme von der Leyen à son propre agenda ait rendu difficile la coordination de ce qui se passait au sein de la Commission.
Étant donné qu’elle a le pouvoir de proposer des lois, et pas seulement d’émettre des mandats politiques, la Commission est un centre de pouvoir naturel pour Bruxelles. Bien sûr, rien ne peut se faire sans le consensus des dirigeants nationaux, et le Parlement européen est devenu une voix puissante dans la négociation des règles futures. Mais l’ampleur et la profondeur technocratique de la Commission l’ont placée dans une position privilégiée pour fixer l’agenda politique, surtout si les États membres sont encore indécis.
La volonté politique est donc le meilleur indicateur pour savoir si les dirigeants demanderont des comptes à Bruxelles ou, au contraire, s’ils accepteront ses conditions. Les crises majeures rassemblent généralement les grands acteurs. Les crises de taille moyenne, en revanche, créent une tentation constante de faire passer les intérêts nationaux en premier et conduisent à des alternatives qui autorisent les « gaffes ».
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